Les difficultés en écriture : état des lieux

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Les évolutions sociétales sont nombreuses en ce début de siècle et, souvent, riches en apports culturels et intellectuels. Il n’en demeure pas moins que certaines de ces évolutions ont des effets collatéraux non négligeables, même s’ils sont parfois minimisés. L’émergence de la société numérique a entraîné une diminution de l’écriture manuelle et une banalisation de la dysgraphie et des maux qui l’accompagnent. Ce n’est pas un fait nouveau, mais au-delà de l’inquiétude que cela peut susciter, il convient de noter que nous en sommes déjà à la deuxième génération. L’enseignant chargé d’enseigner l’écriture aux jeunes élèves, constate lui-même de maux, alors qu’il doit puiser dans sa propre expérience d’élève pour transmettre les bonnes pratiques.

Le CNESCO (Conseil National d’Évaluation du Système Scolaire) a publié un rapport complet en mars 2018 appuyé sur des ressources d’évaluation et de recherche, et des recommandations complètes sur le thème « Ecrire et rédiger : comment guider les élèves dans leurs apprentissages ? ». Il en ressort que les français écrivent le moins possible et avec beaucoup de difficultés. Écrire les fait souffrir… Le constat est alarmant, en CP, les activités d’écriture représentent 2h23 minutes par semaine, soit près de deux fois moins que les activités de lecture. En CM1, les élèves confirment leur difficulté à rédiger et se démarquent ainsi de leurs voisins européens. Les élèves français sont parmi les plus nombreux à ne pas répondre aux questions ouvertes, particulièrement lorsque la réponse doit être longue (Pirls 2016).

En 3ème, 40 % des élèves ne rédigent pas ou très peu. Ils arrivent péniblement à produire 15-20 lignes en 25 minutes !

En fin de CP, 30 % des élèves ne sont pas capables de rédiger un écrit lisible (soit près de 10 élèves par classe) et écrivent moins de 60 lettres lisibles dans un exercice de narration de 15 minutes à partir de 4 images. Les deux tiers des élèves commencent seulement à utiliser la ponctuation et des connecteurs en fin de CP. (et, mais, après…) (Goigoux, dir., 2016).

En CP, ils n’ont pas acquis la formation des lettres, l’orientation des tracés, selon une enquête belge menée en 2016 auprès de 2507 élèves de CP. De 10 à 30 % des élèves d’école primaire continuent à présenter des difficultés liées aux habiletés graphomotrices, selon trois études québécoise, israélienne et néerlandaises publiées entre les années 2000 et 2016.

« De 10 à 30 % des élèves d’école primaire présentent des difficultés d’écriture selon des études menées dans plusieurs pays en cause trop de photocopies à l’école et un manque d’exercice. » (Le Figaro 2017),

Les études, les statistiques et les articles fleurissent sur le sujet et il ne s’agit plus uniquement d’un problème national !

La production d’un texte est une compétence complexe, et la développer nécessite d’en appréhender les différentes dimensions : geste graphique, maîtrise de la langue, structuration d’idées…

L’enjeu de la maitrise de l’écrit traverse toutes les disciplines scolaires, car l’écrit peut être utilisé pour réfléchir et pour apprendre. L’écrit dépasse également le cadre scolaire, à la fois au travers des pratiques quotidiennes des élèves, mais aussi parce qu’il joue un rôle social dans l’insertion professionnelle et dans la construction d’un sujet citoyen. La conférence de consensus a mis en évidence des difficultés croissantes des élèves français lorsqu’il s’agit de rédiger, a dressé un état des pratiques enseignantes et de leur efficacité et a présenté un bilan scientifique sur l’apprentissage de l’écrit. 

 

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